Il y a 35 ans, ma prof de tai-chi-chuan a exposé ses peintures « sumi-e », et ma « grand-mère de cœur » est tombée en arrêt devant celle-ci, puis me l’a offerte, en s’exclamant « C’est vraiment ton portrait ! » Oui, je pressentais déjà que j’étais une espèce de survivante. Un quart de siècle après, j’ai eu à découvrir à quel point je l’étais réellement, quand mon corps a hyper-réagi à l’évocation de l’inceste, à certains mouvements de qi gong ou de gymnastique douce imitant certains gestes que j’ai eus à subir, et aux « coups » de gong entendus en fin de séances de zazen, me forçant à sortir du déni.
En guise de « racines », les principaux traits de survie que j’ai développés, et que je relie maintenant aux 14 caractéristiques, sont à mes yeux :
- Naïveté : les Traits 5 et 9 en sont les conséquences
- Soumission : Trait 1
- Justification : Traits 2 et 3
- Excuses compulsives : Trait 7
- Mendicité : Traits 2 et 12
- Impuissance (apprise) : Trait 1
Ces comportements ont été et sont toujours si incrustés en moi qu’ils semblent être des réflexes naturels. J'ai mis des décennies à les identifier, et je m’évertue maintenant à prendre conscience de chaque fois où je retombe involontairement dans ces ornières trop familières. Le rétablissement, c’est de faire autrement. Je recherche toujours d’autres façons d’interagir avec les personnes : le travail de toute une vie ! Mon prochain pas en avant vers le rétablissement sera de découvrir ou de me forger sur-mesure des affirmations contrebalançant ces croyances toxiques.
Comment aurais-je pu m’enraciner, quand il n’y avait pas de sol autour de moi, que des rochers durs, sans vie, stériles ?
Mon esprit a toujours été si plein de devoirs qu’il ne restait pas de place pour le plaisir. Accomplir mes vrais devoirs m’a permis de survivre, mais une grande part de mon rétablissement a été de faire le tri entre les vrais devoirs et ceux qui ne sont que de la codépendance ou de la loyauté inappropriée envers des personnes ou des situations toxiques.
J’entends souvent dire « Sortez de votre zone de confort! »… mais personnellement, je n’en ai pas, à ce qu’il me semble. J’aimerais bien, un jour, découvrir ce que ça fait de pouvoir prendre refuge dans une « zone de confort » (et, oui, en sortir quand nécessaire, oui, ok). Il me semble avoir vécu toute ma vie dans une « zone de chaos ».
J’espère que le travail des étapes ACA/EADA et ma Puissance Supérieure m’aideront à ancrer d’autres « racines » pour nourrir tout mon être. Parmi mes prières du matin figure : « Mon Dieu, aide-moi à croire qu’il y a du bon quelque part, et que je peux en avoir ma part ».
Below is the translation provided by the author
Beyond Survival
35 years ago, my tai-ji-quan teacher exposed her “sumi-e” paintings, and my “grandmother after my own heart” stopped and stared at this one, then offered it to me, exclaiming “It’s your portrait!” Yes, by then, I already felt I was a kind of survivor. A quarter of century later, I had to discover how much of a survivor I really was, when my body overreacted to the evocation of incest, to some kinds of qi gong or other gymnastic movements mimicking some gestures I had undergone, and to gong “blows” heard at the end of zazen sessions, forcing me to step out of denial.
I see as my “roots” the main coping skills I had developed to survive, which I now relate with the Laundry List:
- Naivety: LL5 and LL9 are its consequences
- Submissiveness: LL1
- Justification: LL2 and LL3
- Compulsive apology: LL7
- Begging: LL2 and LL12
- (Learned) helplessness: LL1
These behaviors have been and still are so ingrained inside me that they seem to be a natural reflex. It took me decades to identify them, and I am now striving to be aware of every time I involuntarily slip into these familiar dysfunctions. Recovery is acting differently. I am still looking forward to other ways to interact with people: a lifetime work! As a next step toward recovery, I now intend to find or build tailor-made affirmations to counteract these toxic beliefs.
How could I be grounded, when there was no ground around me, only hard, lifeless, sterile rocks?
My mind has always been so full of duties that there was no space left for pleasure. Fulfilling my true duties has permitted me to survive, but my recovery has also been, for a large part, to sort out which duties are true ones, and which ones are only codependency or ill-judged loyalty toward toxic persons or situations.
I often hear “Step out of your comfort zone!”… but personally, I feel I have none. I wish I could, one day, discover what it feels like to be able to take refuge into a “comfort zone” (and, yes, stepping out of it when necessary, yes, ok). It seems I have lived my whole life into an “overwhelm zone”.
I hope ACA Step work and my Higher Power will help me grow other “roots” to nurture my whole being. Among my morning prayers is: “God, help me believe there is some good somewhere, and that I can have my part of it”.
Geneviève R.