En tant qu’adolescente souffrant d’obsessions suicidaires, j’avais de grandes difficultés à respecter la limite suprême entre vie et mort. Trop, c’est trop. Les soi-disant « soins psychiatriques » empiraient ces obsessions : un comble ! Il m’aura fallu quatre décennies pour sortir d’amnésie traumatique, du déni des traumas, et tenter d’échapper à ce genre de « soins ». Ce qui, enfin, fit disparaître mes obsessions suicidaires.
En tant qu’alcoolique, je cherchais inconsciemment la perte de contrôle, et méconnaissais les limites. Exactement ce qui se dit en AA : « Un verre, c’est trop, parce que mille verres, ça ne sera jamais suffisant ». Même après avoir trouvé l’abstinence (il y a 27 ans), j’oscillais continuellement entre dépendance et codépendance, en « montagnes russes émotionnelles », sans comprendre clairement ce qui se jouait là. La répétition de 4èmes étapes m’a aidée à sortir de confusion, et identifier les Fraternités adéquates pour chaque problème.
En tant que codépendante, je cherchais inconsciemment le contrôle, et mettais trop de limites. Il me fallait tout savoir sur tous, leur dire quoi faire, etc. Je pensais naïvement qu’il n’y avait qu’une façon de faire, qu’une seule solution à chaque problème, et qu’il était de mon devoir de la trouver et la mettre en œuvre. Tenaillée par la peur, et hyper-responsable. Je n’avais aucune idée de ce qu’est le respect : ni le respect de soi, ni le respect de l’autre, ni me faire respecter. L’ouverture d’esprit m’aide à apprendre ces notions. J’ai besoin d’un PASS : Puissance Aimante Supérieure et Sécurisante. La foi guérit de la peur.
En tant que survivante d’inceste, j’ai découvert que je ne savais même pas ce qu’est une frontière. Par exemple, j’étais en SIA (Survivants de l’Inceste Anonymes) depuis plus d’un an quand j’ai enfin réalisé que, quand mon beau-père me regardait sortir de la douche et me sécher, ce n’était pas normal. Je n’ai compris cela que 20 ans après avoir divorcé !
Dans un poème écrit il y a 33 ans, je mélangeais, en pleine confusion, la description d’êtres chers et de moi-même, finissant par ces mots : « Qui suis-je ? Est-ce moi ou vous, qui se révolte et qui blasphème, qui tente de lutter quand même, même vaincue, même à genoux ? » On ne m’avait jamais enseigné des idées aussi étranges qu’auto-protection et identité personnelle.
J’ai été étonnée de découvrir, dans un livre de thérapie sur les maltraitances, que la colère peut être utile, saine, dans la mesure où elle aide à établir des frontières, et ainsi se protéger et définir son identité. J’apprends encore…
En tant qu’enfant adulte, je ne savais même pas ce qu’est la sobriété émotionnelle. La méditation quotidienne du 7 octobre dit : « Nous n’avions que deux positions : MAX ON et MAX OFF, et ne comprenions pas pourquoi. (…) Nous apprenons à faire notre part et « lâcher prise et nous en remettre à Dieu ». »
Pas de frontières non plus : mon frère aîné disait souvent « Tout ce qui est à toi est à moi, alors donne-le-moi ». C’était censé être une blague. Vraiment ?
The translation below was provided by the author
Discovering Boundaries
As a suicide-obsessed adolescent, I had great difficulties respecting the supreme limit between life and death. Too much is too much. So-called “psychiatric care” made my obsessions far worse: that was the last straw! It took me four decades to come out of traumatic amnesia, of denial of my PTSD, and to try to escape from that kind of “care”. That, at last, made my suicidal obsessions disappear.
As an alcoholic, I searched unconsciously to lose control, and had no limits. Exactly what is said in AA: “One glass is too much, because a thousand glasses will never be enough”. Even after having found abstinence (27 years ago), I continuously oscillated between dependence and codependence, riding an “emotional roller-coaster” without clearly understanding what was at stake. Repeated 4th Steps helped me get out of confusion, and find the adequate Fellowships for each problem.
As a codependent, I searched unconsciously to control, and set too many limits. I had to know everything about everybody, tell them what to do, and so on. I naively thought there was only one way, one solution to each problem, and that it was my duty to find it and enforce it. Fear-driven and over-responsible. I had no idea of what respect was: neither self-respect, nor respect of others, nor making myself respected by others. Open-mindedness helps me learn those notions. And I need HELP: a Higher Enough Loving Power. Faith cures fear.
As an incest survivor, I discovered I didn’t even know what boundaries were. For example, I had been in SIA (Survivors of Incest Anonymous) for more than one year when at last I realized that, when my father-in-law watched me stepping out of the shower and drying myself, that was not normal. I understood that only 20 years after having divorced!
In a poem written 33 years ago, I mixed, with lots of confusion, the description of loved ones and myself, ending with these words: “Who am I? Is it me or you, the one who rebels and blasphemes, who tries to struggle anyhow, even beaten, even down on my knees?” I had never been taught such strange ideas as self-protection and personal identity.
I was astonished to discover, in a therapy book dealing with abuse, that anger can be useful, healthy, insofar it helps set boundaries, and thus protect oneself and define one’s identity. I am still learning…
As an adult child, I didn’t even know what emotional sobriety was. October 07 Daily Meditation says: “We had two settings, MAX ON and MAX OFF, and we didn't understand why”. (…) We learn to do our part and then "Let Go and Let God"”.
No boundaries either: my elder brother used to say, “Everything that is yours is mine, so give it to me”. It was meant to be a joke. Was it?
Geneviève R