Select Page

32 years ago, I wrote this poem… Giving this crib to friends for their coming baby had been the very first step to acknowledge the fact that my husband and I would never have a baby together. I had begun to be depressed, and to drink to endure the loss of my illusions about my husband, our marriage, my life…

CRIB

On a misty Sunday,
Damp with fall’s fog,
A day when one curls up
Cozily by the fireside,

On an impatient Sunday,
Being on tenterhooks,
I stowed everything away
(To fit my cocoon out?),

I was always on the move,
Seized by restlessness:
My God! How much time has passed!
Days, months, one after another,

Months and more: already two years
Since we came in this town…
I know this crib
Would be useful to a friend.

We had it for nearly nothing;
It had cradled the dear children
Of friends of ours, 
And our nieces, whatever their age.

It had welcomed the dreams
Of these joyous children,
When their parents (friends or sisters)
Came by for a few hours.

But, useless since two years,
It waited calmly in the cellar
Until it would come in broad daylight
And be useful again.

We won’t use it.
It gets more and more obvious 
Every month… Resign yourself:
Another woman’s baby will sleep in it.

Mist was in the garden,
And mist was in my heart
When the wooden crib
Left, to be used… elsewhere.


30 years ago, I wrote another poem intertwining my non-motherhood and my suicidal thoughts…

Unless
Willing to ill-treat someone,
One gives only things
One oneself loves.

How could I give life?
I want to see mine end,
I’d rather never being born,
Never.

How could I give death?
I am flesh and blood: a body.
How could I kill myself,
Being born?

I drag along all these questions,
And I say yes, and I say no,
That’s what I’m writing in the dark,
Tonight…


27 years ago, I stopped drinking and left that “home” that was not a home, that husband who was not one, those dreams which were only dreams… 

25 years ago, my youngest nephew was born, and it seemed normal to me to send a present for the newborn, as I had done for each of my nieces and nephews… but the bereavement caused by my non-motherhood was such that it took me a week to achieve that: 
one day to buy a gift; 
one day to wrap it as a gift; 
one day to prepare one or two congratulations sentences; 
one day to copy them on a nice postcard;
one day to prepare the parcel; 
one day to send it at last. 

That bereavement needed years and years. But “this too shall pass”.

Yes, this too has passed. At last.

Geneviève R


DIMANCHE BRUMEUX

Il y a 32 ans, j’ai écrit ce poème… Donner ce lit d’enfant à des amis pour leur bébé à naître fut le tout premier geste de reconnaissance du fait que mon mari et moi n’aurions jamais d’enfant ensemble. J’avais commencé à déprimer, et à boire pour supporter le deuil de mes illusions sur mon mari, notre mariage, ma vie…

LIT D’ENFANT

Par un dimanche tout brumeux,
Humide des brouillards d’automne,
Un jour où l’on se pelotonne
Douillettement au coin du feu,

Par un dimanche d’impatience,
Saisie de quelque obscure transe,
Je rangeais tout dans la maison
(Pour aménager mon cocon ?),

J’allais et je venais sans trêve,
Saisie de quelque étrange fièvre :
Ciel ! Comme il a passé, le temps !
Les jours, les mois se succédant,

Les mois et plus : voilà deux ans
Que nous habitons cette ville…
J’ai appris que ce lit d’enfant
Pour une amie serait utile.

Nous l’avions eu pour pas bien cher ;
Il avait accueilli les chers
Enfants des amis de passage
Et puis nos nièces de tous âges.

Il a bercé de rêves bleus
Le sommeil des enfants joyeux,
Quand leurs parents (amies ou sœurs)
Venaient nous voir pour quelques heures.

Mais depuis deux ans inutile,
C’est à la cave que, tranquille,
Il attendait de ressortir
Au grand jour, et de nous servir.

Nous ne l’utiliserons pas.
Cela devient plus évident
Chaque mois… Va, résigne-toi :
L’enfant d’une autre y dormira.

La brume était dans le jardin
Et la brume était dans mon cœur
Quand le petit lit de sapin
Est parti, pour servir… ailleurs.


Il y a 30 ans, j’ai écrit un autre poème entremêlant ma non-maternité et mes pulsions suicidaires…

A moins
De vouloir du mal à quelqu’un,
On ne donne que ce qu’on aime
Soi-même.

Comment donnerais-je la vie ?
Moi qui voudrais l’avoir finie,
Moi qui voudrais n’être pas née,
Jamais.

Comment donnerais-je la mort ?
Moi qui suis chair et sang : un corps.
Comment pourrais-je me tuer,
Moi qui suis née ?

Je traîne toutes ces questions,
Et je dis oui, et je dis non,
C’est ce que j’écris dans le noir
Ce soir…


Il y a 27 ans, j’ai arrêté de boire et quitté ce « foyer » qui n’avait rien d’un foyer, ce mari qui n’en était pas un, ces rêves qui n’étaient que des rêves…

Il y a 25 ans naissait mon plus jeune neveu, et il me semblait normal d’envoyer un cadeau pour le nouveau-né, comme j’avais fait pour chacun(e) de mes neveux et nièces… mais le deuil causé par ma non-maternité était tel qu’il m’a fallu une semaine pour y arriver : 
un jour pour acheter un cadeau ; 
un jour pour faire un emballage-cadeau ; 
un jour pour rédiger une ou deux phrases de félicitations ; 
un jour pour les recopier sur une belle carte ;
un jour pour faire le paquet ; 
un jour pour l’envoyer, enfin.

Ce deuil m’aura pris des années et des années. Mais « cela aussi passera ».

Oui, cela aussi est passé. Enfin.


Geneviève R.

Translate »