En travaillant ma 4ème étape, j’avais identifié une croyance toxique implantée en moi : « Si c’est que pour moi, la merde suffira »… Voilà le niveau de respect de soi auquel j’ai été habituée. Il y a 30 ans, j’avais écrit un poème imprégné de cette croyance comme si elle était normale ! Aujourd’hui, en rétablissement, je sais combien cette attitude d’effacement de soi est auto-destructrice, et je ne l’endosse plus.
Au festin de la vie,
Je suis venue prendre ma part quand même.
J’ignorais si ma place
Y était réservée.
Je n’avais pas l’audace
De vraiment la chercher.
Au festin de la vie,
Suis-je invitée ou non ? Qu’importe !
Vous étiez occupés quand j’ai poussé la porte.
Je passais justement par là,
Ne vous dérangez pas pour moi,
J’en saurai faire mes choux gras.
Au festin de la vie,
Sous la table trop haut dressée,
Entre les pieds des invités,
Je me suis faufilée, discrète,
Pour grappiller, de-ci de-là, des miettes.
Entrez ! Entrez, les invités !
N’ayez d’yeux que pour les délicats mets,
De chaque plat, servez-vous, reprenez,
Allons, faites bombance, profitez.
Vous ne me verrez pas, je suis cachée,
Je mange ce qui tombe de la table,
Je bois ce que vous avez renversé.
Buvez ! L’odeur du vin même m’est agréable.
Mangez ! Mangez, les invités !
Votre faim n’a d’égale que la mienne,
Mais les plats sont copieux, les sauces relevées.
Servez-vous ! Vous ne voyez pas
Comme il est nourrissant pour moi
De simplement lécher les plats.
Au festin de la vie,
Chantez ! Chantez, les invités !
Le vin est bon, l’air est léger, chantez !
Faites chorus : vous avez fière allure !
Les plus joyeux sont ceux qui battent la mesure.
Pour vous accompagner, me suffit mon murmure.
Au festin de la vie,
Quand vous roulerez sous la table,
Tout seuls (ou deux par deux, c’est bien plus agréable !),
Ne craignez pas de me gêner,
Nous serons à égalité,
Le temps aura tout nivelé.
Au festin de la vie,
En fait, je ne voulais pas de vraie place,
J’avais trop peur de vos grimaces.
Je préfère bien – et de loin –
Mon petit coin.
Ne me regardez pas, faites semblant de rien,
Ne jouez pas les trouble-fêtes,
Laissez-moi savourer mes miettes,
Je m’en délecte : tout va bien !
Je n’ai guère fait que passer,
Mais si je vous ai dérangé,
Je peux peut-être m’éloigner
Un tantinet.
N’allez pas croire cependant
Que je me priverai longtemps
De jouer moi aussi des dents
Entre vos rangs.
Je sais de peu me contenter.
Je jouis de l’odeur des mets,
Je suis moi aussi de la fête,
Et si la tête
Me tourne un peu à mon tour,
C’est que j’en ai assez vu pour
Etre grisée
Du spectacle de vos amours.
C’est que j’en ai bien profité :
Moi aussi j’ai participé
A ma manière
A tout ce qui flottait dans l’air !
A chacun sa façon
De jouir de ce qui est bon.
A chacun son bonheur :
Moi, tout se passe à l’intérieur.
Geneviève R
Below is translation provided by the author
If It's Only For Me
When working my 4th Step, I identified a toxic belief ingrained in me: “If it’s only for me, filth will be good enough”… That was the level of self-respect I had been trained to. 30 years ago, I had written a poem showing that belief as if it was normal! Nowadays, with recovery, I know how self-destructive this attitude of self-disparaging is, and I don’t endorse it any more.
At life’s feast,
I went and took my part no matter what.
I didn’t know whether
There was a place for me.
I dared not
Really look for it.
At life’s feast,
Am I invited or not? So what?
You were busy when I entered.
I happened to drop in,
Please don’t move,
I’ll make use of it.
At life’s feast,
Under the too high table,
Between the guests’ feet,
I threaded my way, discreetly,
In order to scrounge crumbs.
Come in! Come in, you guests!
Look only at the dainty dishes,
Help yourself, have some more,
Please feast, take benefit.
You won’t see me, I am hidden,
I eat what falls from the table,
I drink what you spilled.
Drink! Wine’s smell is enough for me.
Eat! Eat, you guests!
Your hunger and mine are the same,
The dishes are copious, the sauces spicy.
Help yourself! You don’t see
How nourishing it’s for me
Simply to lick the saucepans.
At life’s feast,
Sing! Sing, you guests!
Wine is tasty, breeze is gentle, sing!
Sing in chorus! You’ve a fine style.
The more joyous ones are beating time.
For me, my murmur is enough.
At life’s feast,
When you’ll fall under the table,
Alone (or two by two, it’s much more pleasant!)
Don’t be afraid of bothering me,
We’ll be on equal terms,
Time will have levelled everything.
At life’s feast,
In fact, I didn’t want a true seat,
I was too afraid of your grimaces.
I prefer –plainly—
My tiny place.
Don’t look at me, pretend like nothing had happened,
Don’t play killjoy,
Let me eat my crumbs with relish,
I enjoy: all is well!
I just happened to drop in,
But if I have disturbed you,
I can get out of your way,
Move away.
Don’t believe, yet,
That I will deprive myself too long
Of tasting dishes
Among you.
I know how to satisfy myself with not much.
I enjoy the smell of the dishes,
I participate,
And if my head
Feels dizzy, too,
It’s because I’ve seen enough
To get drunk with
The mere sight of your love affairs.
It’s because I enjoyed well:
Me too, I participated
In my own way
In all that was going on!
Every man to his taste,
To enjoy what is good.
Every man to his good fortune:
For my part, all happens on the inside.
Geneviève R.